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10 secrets de la fabrication du cristal

L’art verrier remonte aux prémices de la Mésopotamie, où l’on fabriquait des perles de verre transformées en bijoux.

Sommaire

Sa grande maîtrise s’est opérée à la fin du XVIIIe siècle. Entre innovations, recherches scientifiques et décisions gouvernementales, voici 10 secrets méconnus de la fabrication du cristal.

Verre et cristal, quelles différences ?

Le cristal est bien plus limpide que le verre. Il existe des différences techniques :

  • Le cristal possède un indice de réfraction de la lumière bien plus élevé que le verre. Plus cet indice est élevé, plus l’éclat sera important. Mais ce n’est pas tout, ce critère est en relation direct avec le son.
  • Le cristal possède un son particulier, plus aiguë que le verre, c’est ce qu’on appelle le son « cristallin » qui s’exprime sur une durée bien plus longue que le verre. Attention toutefois, ce son est variable, suivant l’épaisseur et la forme du verre à boire par exemple.
  • Le travail de ces deux matières est différent. Le cristal en fusion est plus aisé à travailler. Une fois la pièce refroidit, elle se trouve également plus facile à tailler. Le cristal est donc plus souple.
  • Une différence dans la composition, le cristal, à la différence du verre, contient du minium de plomb. C’est le grand secret, découvert par nos amis les Anglais en 1674.

L’appellation « cristal »  est protégée en Europe :

Depuis 1971, l’appellation indique que la composition d’un cristal doit contenir un minimum de 24% de plomb.

Il existe différentes qualités de cristal, en relation avec ce pourcentage de plomb :

Les grandes cristalleries de Lorraine, comme Baccarat, Daum ou Saint-Louis présentent plus de 31% de plomb. C’est un maximum qui offre une clarté absolu. Vient ensuite le savoir-faire du verrier et la qualité exigée qui détermine la signature d’une production.

Le travail du verrier, entre l’atelier à froid et l’atelier à chaud :

Le travail du verrier se divise en deux spécialités : celui du travail à chaud et celui du travail à froid.

Le travail à chaud consiste à cueillir la matière en fusion dans le four à l’aide d’une canne appelée « pontil ». Le verrier va ensuite donner la forme à l’aide d’une « mailloche », puis il souffle dans la canne afin de donner forme au buvant du verre ou de la carafe.

Une fois la pièce réalisée, elle doit refroidir progressivement dans un four appelé « arche de recuisson ».

Le travail à froid regroupe les doreurs, graveurs, tailleurs et polisseurs. Ces artisans spécialisées réalisent les décors sur le verre. La taille et la gravure sont les techniques les plus courantes, qui ont connu leurs heures de gloire au XVIIIe siècle, initiées par les verriers de la région de Bohême en République Tchèque.

Enfin, il ne reste plus que les verriers au chalumeau, ayant pour seuls outils un mandrin (une longue tige en fer), et un chalumeau. Le verrier à la flamme crée des perles de verres pour la confection de bijoux, tout comme de petites sculptures. Ce type de travail ne nécessite pas d’investissement conséquent et permet de travailler le verre à moindre coût. Cliquez ici pour en savoir plus sur la fabrication du verre au chalumeau.

Le verre est un mélange de sable porté à fusion :

Comment obtient-on cette matière à la fois solide, transparente, étincelante ?

Le verre est composé d’un mélange de silice, qui provient principalement de la région parisienne, de potasse, issue de la cendre de fougère, et de chaux.

L’ensemble est porté à une température de fusion de 1450°C. Pour atteindre cette température, les fours modernes des verriers doivent être alimentés en continu. Plusieurs jours sont nécessaires, voir plusieurs mois, afin d’atteindre la température souhaitée.

Il n’est donc pas question d’éteindre ces fours. Malgré la crise sanitaire du Covid 19 et l’arrêt de l’activité de nombreuses manufactures à l’instar de Baccarat, les fours sont toujours alimentés.

Éteindre le four signe son arrêt de mort. En effet, la terre réfractaire qui le compose va se solidifier et finir par se briser. Une catastrophe économique pour ces immenses fours, dont le coût avoisine plusieurs millions d’euros. En savoir plus sur l’arrêt de la manufacture ?

La Lorraine, terre de prédilection du verrier :

On atteste la présence de nombreuses verreries en Lorraine dès le XVe siècle. Un événement historique va faire de la Lorraine un terrain fertile à l’industrie verrière : en 1448, le Duc de Lorraine, Léopold, accorde aux verriers le statut de gentilshommes, leur offrant le droit d’utiliser à titre gratuit les matières premières nécessaires à la fabrication du verre.

La Lorraine est alors riche de forêts, un bois précieux et nécessaire pour alimenter les fours des verriers. Le choix de cette industrie est une décision murement réfléchie pour nos souverains : il fallait concurrencer les productions de Bohême, particulièrement à la mode.

Daum, le spécialiste de la pâte de verre à Nancy :

La pâte de verre, souvent confondu avec le verre moulé, est une technique redécouverte par la manufacture Daum, en 1903, par son chef décorateur, Almaric Walter.

Cette technique verrière s’apparente en tout point au moulage des bronzes. Elle permet une représentation du détail des plus précises.

La pièce est d’abord réalisée en plâtre. Un moule en élastomère est appliqué en négatif sur la pièce. Grâce à ce moule, l’artiste coule de la cire chaude à l’intérieur, puis retire le moule.

Vient ensuite l’étape de perfectionnement. L’artiste peut modifier et accentuer l’expression de son œuvre. Une chape en plâtre est aménagée autour de l’oeuvre. L’ensemble est placé dans une étuve afin de faire fondre la cire. Voici le moule final, à l’intérieur duquel le verrier de la manufacture Daum insère des groisils (cristaux concassés), avant de placer l’ensemble au four.

Lors du démoulage de l’oeuvre, le moule en plâtre est cassé.

 

Émile Gallé, l’un des plus grands verriers :

Vases, coupes, chantre du verre mais aussi ébéniste. Terminons par l’un des plus grands maîtres verriers de l’École de Nancy, Émile Gallé. Instigateur du mouvement Art nouveau, son œuvre n’est pas seulement artistique, elle est également scientifique. Sa passion pour la botanique le conduira à réaliser de nombreuses études de l’évolution des espèces, son regard de passionné lui offrira la possibilité de représenter le monde végétale comme aucune l’aura fait.

Reconnu par les plus grands horticulteurs au monde, l’oeuvre du grand Émile Gallé est exposée au Musée de l’École de Nancy, un mouvement, une alliance d’artistes et d’industriels qu’il avait créé en 1901.

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